A la Lueur du Lampadaire !

Botchan par SOSEKI Natsume

        

 

C'est l'histoire d'un jeune de Tokyo devenu prof de maths par défaut (c'est-à-dire sans réelle conviction – avec une réelle compétence ?) donnant cours dans une bourgade minable. Son caractère impulsif et irrascible et provoquant et idiot fait de lui un personnage central sans être un héros et surtout l'auteur d'une description remarquable de gens qu'il rencontre. (Comme le dit la 4ème de couv' – avec laquelle je suis d'accord pour une fois... ) 

 

Le style et la syntaxe est simple et paysanne (et je sais qu'il faut des efforts particuliers pour écrire avec cette simplicité) (une chose dont je rêve d'atteindre...) (je ne cherche pas à être quelqu'un de compliqué...) Les phrases sont justes juxtaposées, ou semblent l'être, côte à côte, sans réel mot de transition, ou semblent l'être. Elles me permettent donc de voir que l'homme se dénigre et se sous-estime beaucoup (sans cette aura négative que ces sentiments donnent), plaçant les autres gens plus haut qu'ils ne le sont vraiment mais tombant lui-même dans le piège de la première impression (lors d'une rencontre) qui serait révélatrice du caractère.

 

Le contenu n'est donc pas déplaisant à lire, pour dire à la façon négative employée par le narrateur, où j'ai eu des moments de franche rigolade quant à la ''portraitisation.'' Il y a eu aussi le plaisir de toucher ce livre-là, éditions Serpent à Plume, sensation nouvelle car le «physique» d'un livre m'importe peu. Les pages ont cette teinte crème pastel de filles jeunes adultes, lisses (les pages, hein !) sous les doigts et dont l'écriture se détache avec aisance, tout comme les pages de garde ont le grain lissé tel le sable ondulant sous le vent du désert et dont les lignes envoûtent dans un texte sans mot écrit... Le livre est-il neuf, et pourtant il n'en a pas l'odeur – achat chez un bouquiniste, je ne connais pas les librairies quant il s'agit d'acheter un livre  ^_^' Il ne faut pas que je devienne bibliopile, livrophile... enfin qui aime les beaux livres car la course aux antiquaires et chineurs et au porte-monnaie n'en finirait pas ! Ou alors il faut que je dorme dans leurs boutiques... et je vais aller voir si tous les serpents à plume se ressemblent...

 

 

Bon, Botchan raconte sa vie de professeur de façon indirecte, jusque là tout est normal. Il ajoute souvent des remarques très courtes sans user du discours, en plein dans des phrases bien formées grammaticalement, tourjours (presque) normal. La particularité se tient dans l'intervention d'interjections directes d'un seul (groupe de) mot, essemées dans un bloc de paragraphe, comme quand on insulte/juge quelqu'un verbalement : ''Crétin. Idiot. Racaille immonde. Patelin riquiqui. Effrontée ! '' Cela a la conséquence de donner une vie singulière à la narration. Comme Botchan nous racontait sa vie, assis sur sa natte de bambou et usant de la rhétorique littéraire
(il faut bien former les jeunes esprits, non ?)

 

Et que je te critique par-là, et que je te commente par-çi, sans se soucier du ton et de la réaction, parlant avec honnêteté ou méchanceté ou sans peur ou sans mauvaise foi ou sans mâcher ses mots... Mais, bon sang, il ne comprend rien aux farces, le Botchan ; j'ai l'impression de lire le livre des Défauts de Botchan-sama... ça devient lassant. Néanmoins, connaitre la suite de la vie du prof est plus fort, donc je continue et la finie.

 

Et puis, je compare Botchan aux autres profs nippons1 comme ceux de Dragon Zakura ou GTO ou Gokusen qui sont, tous les trois, sincères dans leurs sentiments envers leurs états professionnels mais les 1ers ne sont pas faits pour être prof et les 2 autres sont dévoués corps et âmes à leurs élèves. Ainsi il y a une certaine curiosité de voir ses mésaventures-là. Ça donnerait presque pitié... sauf que Botchan a un tempérament singulier et intéressant !

 

A la lecture, les gens du roman sont bien complexes, bien que considérés depuis un seul point de vue (celui du narrateur) ; mais pourquoi, alors, ce qu'il raconte me semble clair, net et vrai ? Des mésaventures telles les siennes sont réalistes mais le discernement qui transparait ne l'est pas vraiment... à moins d'un réel temps de réflexion.

 

Dans le fond, le roman prêche pour le bon sens, le courage, la prise de responsabilité et l'honnêteté ; il ne laisse pas la place aux artistes2 ni au pouvoir ni aux gens rustres des campagnes reculées. Néanmoins, de temps à autre apparait un personnage exceptionnel dans la disponibilité de Botchan : c'est le prof principal Hotta aussi fort et populaire mais très succeptible. L'apparence est toujours trompeuse et le coeur est toujours caché sous des épaisseurs insurmontables.

 

Mais la fin, la fin ! Elle est trop facile ! Botchan et son allié attrapent le méchant gars et le punissent. Et s'en vont de la ville : ils démissionnent ! Et c'est tout ; et c'est pas suffisant ! Il aurait fallu un plus grand procès !  

 

Pour la peine, je m'arrête tout aussi net, na !!!

 

Bon, ne soyons pas si réducteur. La dernière phrase pèse son poids. Kiyo, la bonne nounou de Botchan, est morte et repose dans le caveau familial de Botchan. Elle était sûre que Botchan est un bon petit, je la crois, mais lui-même s'en défie. Et pourtant, la confiance de Kiyo est le seul héritage qu'il a reçu (ce qui a formé son tempérament). Soit la première phrase pèse de tout son poids sur la vie de Botchan.

 

Lire la 1ere phrase : "A cause d'une impulsivité héréditaire, j'ai toujours joué un jeu perdu d'avance depuis ma tendre enfance." et la dernière phrase : "(... si Kiyo meurt, enterrez-moi au caveau de mon Cher Maitre. Je serai fière d'attendre mon Cher Maitre dans le tombeau.) Donc la stèle de Kiyo est au temple Yogen à Kobinata."

 

 

Qu'est-il devenu après ça ? A-t-il sa maison avec vestibule ? Ou continue-t-il à être intrépide et bagarreur ?

 

 1Pas  tous les profs de la littérature japonnaise, sinon on n'en sortirait pas de l'école (et moi, j'en ai fini avec ce temps-là...)

2D'ailleurs, aucun rapport avec Botchan, un autre écrivain, Enki Bilal, traite durement les artistes et les diabolise pratiquement (PS: ça casse  l'ambiance aussi.)

 

 

 

fait parti :

 

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11/02/2012
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