A la Lueur du Lampadaire !

Cross-Over November : Je négocie le NaNoMotsHistoire118

Des Mots une Histoire no 118 donne comme résultat ce texte-ci avec ces mots-ci : esprit – spectre – terme – date – ordinal – position – lotus – zen – japonais – haïku – court – long.

 

Lecteurs/Lectrices :

ayez du courage !

Car c'est texte bien long !

presque le quota d'un jour !

 

1130 mots environ du NaNoWriMo quotidien. C'est pourquoi je l'édite ce soir pour donner du temps à la Lecture.

Donc un autre extrait du NaNoRoman avec des passages recopiés mais qui, je trouve, donnent un autre rythme au texte - Qu'en pensez-vous ?

 

 

La négoce 

 

               L’équipe de Martial, nommée l’USPMV soit l’unité de synchronisation para-et-militaire véhiculée, avait été envoyé dans le but de chasser au sens direct ces groupes armés d’un gouvernement en place non reconnu par la population nationale. Puisque tous les moyens étaient possibles, l’Usvé, comme ils se surnommaient, prit position sur cette aire géographique encore plus illégalement : ils se firent des camps d’entrainements paramilitaires pour la défense de ce camp de réfugiés, ils appelèrent les médecins dont le droit d’exercice était interdit afin de soigner les blessés, ils organisèrent des réseaux tendancieux pour nourrir toute cette populace.

            Au centre de toute cette agitation, seule une personne restait de marbre. Elle avait une haute stature qui n’était visible que par le biais de l’immense djellaba brodée en fils dorés avec un raffinement tout exotique. On ne pouvait distinguer, sous la burqa luxueuse, qu’une paire d’yeux en amande, inhabituelle dans cette contrée, ornée de longs cils sombres sur un teint mât et doré.

           Elle zigzaguait entre les tentes où demeuraient des spectres humains, la peau sur les os, les blessures sanguinolentes. Elle se parlait en bougeant les lèvres : priait-elle ? Elle se tourna vivement vers son assistant, un grand homme à la peau si noire qu’elle éblouissait, qui gardait constamment la tête baissée, le regard visé sur le sol. Une fois leur conciliabule achevé, l’assistant s’adressa au Lt Martial :

             « Lt, Madame demande si vous ne pouvez donc pas arranger les choses au mieux, du moins mieux qu’elles ne le sont actuellement ?

           -     Monsieur Gourane, dit le Lt Martial en fixant les courtes tresses de l’assistant, nous sommes déjà à votre service. Des médecins sont à pied d’œuvre ; des ouvriers parmi les civils construisent des huttes plus dignes ; nous formons des hommes capables de défendre le camp. Que voulez-vous de plus ?

              -     Plus d’humanité !

              -     Monsieur ! C’est le gouvernement actuel qui dit l’être ! »

             Gourane transmit fidèlement tous les échanges à sa patronne qui afficha un air désolé.

         « Le mieux que vous, vous puissiez faire, Madame, est de panser les blessures. Faites prier pour les âmes ou bien lisez l’ordinal, souffla le Lt Martial. Ça, cet ensemble renforce les esprits… »

            Gourane traduisit ; cependant lui-même n’en croyait pas un mot : rien de tout cela n’était efficace pour changer le monde.

           « Je connais quelqu’un qui pourra quelque chose mais… c’est du pareil au même que ce faux gouvernement ! Ou de nous… Qu’en dites-vous ? »

            Le regard de l’assistant disait oui mais il resta coi. La princesse africaine hésitait.

            Ne tenant plus, le Lt Martial prit les rênes. «  Je vous y emmène : vous verrez sur place si cela vous arrange. »

          Ils allèrent jusqu’à une tente dans le périmètre extérieur du camp de réfugiés. Bien que la tente fût identique aux autres, une atmosphère zen s’en échappait. A l’intérieur, un Japonais était debout, de dos, de petite taille et cheveux drus, vêtu d’un kimono de coton sombre avec l’emblème familial, un lotus dans un cercle, brodé en plusieurs endroits de l’habit majestueux. Celui-ci impressionnait l’imaginaire de Martial de beaucoup. En revanche, la princesse n’en fut pas le moindre émerveillée : et pour cause, la propre beauté de sa robe – ce que Martial l’accordait. Elle ne jeta même pas un regard vers l’activité du moment du sensei. Ce dernier était en train de couper toutes les branchettes sèches d’un bonzaï, un jujubier en bouquet dont des vigoureuses épines furent à terme mises en valeur. Sans s’interrompre, comme s’il n’y avait personne d’introduit chez lui, il récitait à voix basse et langoureuse un haïku de – qui ? – célébrant son bonzaï.

Pas une feuille ne bouge
comme il est effrayant
le bois l'été

Yosa Buson (traduction de Munier)

           « Cette date est toujours la plus affreuse de l’année, soupira-t-il, un instant plus tard.

           -     Oui, c’est d’autant plus traumatisant quand c’est plein de morts devant votre porte, grinça méchamment le Lt Martial. »

            L’assistant de la princesse le scruta intensément – bien que Martial ne sût lire ses pensées.

          « La dame que voilà voudrait se débarrasser des voleurs de vie pillant sa contrée, reprit le Lt Martial, toujours inamical. »

           Le sensei souffla :

De quel air revêche
elle me regarde
la grenouille !

Kobayashi Issa (traduction de Munier)

          Puis :

         « Je peux arranger ça, bien évidement.

         -     Quel est votre prix ? interrogea immédiatement l’assistant Gourane, guidé par son impatience. »

         Martial ricana :

Au Mont Yudono
partout l'on marche sur l'argent
et coulent les larmes
Matsuo Bashô (traduction de René Sieffert)

          -     Comme toujours, répliqua Gourane en haussant les épaules. »

          A ce moment, le sensei se retourna vers ses convives :

         -     Bravo, Lt ! Vous êtes cultivé ! admira-t-il puis reprenant son affaire :  « Il va s’en dire que je pose mes propres conditions indéfectibles ! J’efface de votre contrée ces voleurs contre le travail exclusif des civils de ce camp.

          -     Vous voulez des esclaves ? traduisit Gourane. »

          Le sensei ne répondit pas immédiatement, puis :

Un escargot !

Une corne courte, l’autre longue 

Qu’est-ce qui le trouble ?

Yosa Buson (traduction de moi)

            Ce fut Martial qui répondit, revêche :

P*te et moine, nous dormons

Sous le même toit ensemble,

La lune dans un champ de trèfle

Matsuo Bashô (traduction de moi)

           D’un geste impérieux, ce fut la princesse qui mit fin à ce clash de haïkus. En effet, elle se dirigea droit vers le jujubier dans son pot puis, s’emparant du sécateur en modèle réduit, elle sectionna une par une toutes les branches latérales du tronc principal, suivi des troncs secondaires, tranchant sans ménagement ni furie dans le vif du bois, ne laissant qu’un piquet à la pulpe rouge sous l’écorce brunâtre dans le pot.

           Puis elle sortit, tel le typhon dévastateur sur tout le pays. Suivi de Gourane.

           Le sensei :

Festival des âmes

Aujourd’hui aussi il y a de la fumée

Depuis le crématoire

Matsuo Bashô (traduction de moi)

           Le Lt Martial se mit à rire, tout à coup, un de ces rires nerveux qui faisaient pleurer de rage. Quelle négociation !

          « Et m**** ! »

 

 

 

 

NaNoWriMo



19/11/2013
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