A la Lueur du Lampadaire !

Lorsqu'un homme se voue à être Le sabre des Takeda !

Lorsqu'un homme se voue à être Le sabre des Takeda !
Bienvenue sur la première lecture de . Je les posterai (dans la mesure du possible) le 6 de chaque mois, en écho à  Choco. J'ai choisi par défaut le niveau ronin mais, mon intérêt allant augmentant et si je ne rencontre pas de difficulté majeure dans mon approvisionnement en livres), je pense passer plus haut, toujours plus haut... ()

 

Le sabre  des  Takeda  de  INOUE  Yasushi

 

 

 

Je résume :

 

« YAMAMOTO Kansuke est un bushi (guerrier) de corps informe qui s'est mis au service de la famille TAKEDA, après une ruse infaillible. Il se vante d'être un tacticien de guerre hors norme, par simple collecte d'informations. Les temps sont pleins de batailles pour gagner des territoires dons le Japon de l'ère de Tenbun soit autour de 1540. Kansuke-sama s'est épris (en tout bien, tout honneur, bien sûr) du jeune général plein d'audace TAKEDA Harunobu, et de la Dame Yubu, et il érige des projets d'avenir pour les enfants de ce général.

 

« Prendre quatre châteaux », voilà le maître mot de l'histoire. »

 

 

 

C'est un livre sur la stratégie militaire et les sacrifices ou plans collatéraux qui s'ensuivent. Assez rare comme sujet, car beaucoup recherchent une intrigue, alors qu'ici l'un découle de l'autre, d'un flux si fluide que je me demande si cela est de la fiction. D'après d'autres, le héros aurait existé… Si je devais sous-titrer cette littérature, je choisirai : « comment un nain informe est devenu un héros tacticien admirable. » Néanmoins, le titre de l'auteur est le meilleur car il décrit très exactement l'être de Kansuke-sama : il est l'arme qui gagne ; le fer de lance, dirait-on de par chez nous.

 

A la lecture d'un article dont je ne sais plus d'où, il apparait que le personnage de Kansuke-sama n'est pas fictif. Non, c'est un véritable personnage historique, homme qui a fait l'histoire du Japon de cette époque. De même pour son seigneur Harunobu-dono ; en revanche, je ne suis pas sûr pour Dame Yubu.

 

 

 

 

Dès les premiers chapitres, on sent l'atmosphère féodale, les futurs combats à l'épée et les complots entre seigneurs. De même, on sent que ces combats vont être cruels et que la description ne nous sera pas épargnée ; eh bien, c'est vrai pour la cruauté des combats dans les détails (ce qui nous dérange plutôt) mais la description fait plusieurs fois défauts (ce qui nous soulage plutôt.) Donc Le sabre des Takeda est une lecture pour des gens avec un esprit critique certain, ayant conscience de la violence et à ne pas refaire la même chose chez soi ! Tant qu'on ne fait que lire cette violence et ce pas tout le temps, cela reste un exutoire pour la vie routinière et/ou misérable que l'on vit, cela est sans aucun doute quelque peu dangereux. Quoique… on trouve toujours des choses respectables, donc ça n'est pas excusable.

 

 

 

Dans les débuts du livre, lorsque l'on fait la connaissance des personnages, ceux-ci sont décrits physiquement et moralement (jusqu'ici, tout est normal). Néanmoins, cette description continue encore dans les pages qui suivent d'une subtile manière car on la remarque que si l'on fait attention à des actions ou des postures qui sont en fait des éléments des portraits.

 

La narration se déroule comme si l'on racontait un pan de l'histoire historique. Elle en prend le ton, comme on lit un article, quelque peu romancé toutefois. Les parties où  la narration ressemble à celle d'un roman sont celles où (la plupart des complots contre) la vie intime est abordée et les actes de bravoure individuelle.

 

Certains chapitres ou paragraphes commencent par une date (ce qui par ailleurs accentue l'aspect historique) d'année et d'époque, à la présentation originale qui apporte une chronologie à la japonaise féodale. Le rendu est sûrement typique de l'écriture fictive du Japon. En général, je trouve que dater les chapitres appose une lourdeur au cours de l'avancement de la lecture. Ici, non, peut-être est-ce du à la façon de nommer la date : tel jour de telle époque, la quatrième lune de la douzième année de l'ère Tenbun ; (je ne sais pas ce qu'est Tenbun, mais l'ensemble rend bien !)

 

 

 

 

La narration est tournée d'une telle façon que l'on penserait à un écrivain classique, du genre 19ème siècle. Toutefois, elle exclue les lourdeurs du style français ; d'ailleurs, la traduction en français suit cette légèreté. Cette tournure est propre à a la narration asiatique si je la rapproche des textes de l'Asie Centrale. On dirait que l'on relate une histoire vraie, comme dans les chansons épiques, associée à des tournures de la narration fictive.

 

« Pour sombre qu'elle fût, la nuit n'était pas d'un noir de laque. »

 

« Si elle n'avait subi aucun dommage jusqu'à ce jour en pareille absence de fortification, c'était bien parce que, toujours à guerroyer, son armée n'avait jamais laissé l'ennemi pénétrer à l'intérieur du pays. »

 

« C'était là qu'étaient pompées les eaux de la Tenryu. Le cours du grand dragon céleste qui a sa source dans le lac de Suwa, après s'être cabre dans les gorges d'Ina, serpente en descendant pour rejoindre au loin Tôtomi. »

 

« C'était bien une chapelle mais de taille si exiguë que deux ou trois occupants l'auraient emplie tout à fait, et vieille et délabré avec ça. »

 

 

 

Il y a aussi des expressions qui s'en ressentent comme étrangères à nos oreilles, (peut-être) parce que nous n'en usons pas des masses, surtout dans des situations de crises !

 

« - La malice est cousue de fil blanc. ». Ça, c'est bien une phrase que l'on place dans une injonction qui conduit à la mort. (  ) Non, ce n'est pas du type français (moderne !)

 

 

 

La difficulté qui m'est tombé dessus est la compréhension de la structure de la société nipponne de l'époque et celle de la filiation de chacun. Puis avec un certain recul, les stratégies de Kansuke-sama deviennent abordables. Elles y sont décrites selon leur importance, où la stratégie rusée de Kansuke-sama étonne et gagne toujours. Il serait intéressant d'en établir des schémas (trop tard pour ma part, le livre n'est plus disponible.)

 

 

 

TAKEDA Shingen en arme.

 

 

 

La fin de l'histoire me plait beaucoup parce qu'elle est ouverte. Tout indique que le général Harunobu-dono va perdre sa dernière bataille ; mais l'auteur ne la raconte pas. Il est silencieux là-dessus. Des indices dans le sens qu'il indique, oui ; mais pas de confirmation ! Ce qui me laisse tout un loisir de refaire le monde à l'époque Tenbun. Au fur et à mesure que j'avançais dans l'histoire romancée, j'ai pris parti pour les Takeda, et malgré la force de Kenshin-dono, suis resté dans le camp de Harunobu-dono. Par conséquent dans l'imaginaire de la victoire de Harunobu Singen-dono…

 

De plus, la fin accentue la vieillesse de Kansuke-sama : la confiance qu'il avait dans l'avenir est sa force, j'en ai pris pour argent comptant. Mais il la perd petit à petit : il retarde l'entrée en guerre d'un an du jeune Katsuyori-dono ; il semble s'adoucir devant (la mémoire de) Dame Yubu ; il semble envisager la défaite des Takeda après avoir discuté avec un jeune général Kosâkâ très doué en tactique et audacieux. Ce dernier me plaît à tel point qu'il me paraît être le digne successeur de Kansuke-sama (à quelques détails près...)

 

La différence avec le début : il me fallait absolument le terminer et savoir la fin. D'ailleurs, j'en suis resté sur cette faim puisque la fin n'est pas très explicite, ni catégorique...

 

Et qu'en est-il de la véridique version ? Cherchons… D'après diverses lectures sur le net (j'irais voir dans un livre d'histoire japonaise, en papier, chez un libraire plus tard), que Le général ne meurt pas dans la bataille qui a raison de Kansuke-sama. Au contraire, il gagne plus de territoires selon les aléas de l'époque, bien entendu. (Ouais, j'avais raison !) Cependant certains évènements restent mystérieux, un peu comme la fin de ce livre. Peut-être une suite dans ma tête… (  )

 

 

 

 

 

Portrait de l'auteur INOUE Yasushi.

 

 

 

 Le genre dit de "guerre" n'est pas trop attirant en soi, sauf dans l'objectif de connaître les stratégies militaires ou d'apprendre le déroulement d'une bataille historique telle pendant la WWII, l'ensemble  sous un aspect romancé ; ou de relater la vie d'héros dans un tel contexte. J'en ai vu des films et séries de guerre mais le lire est plus doux disons, moins hargneux plutôt, parce que les horreurs perpétrées durant une bataille ne sont pas visiblement exposées. Seule l'imagination en augmentera la cruauté ; personnellement, je ne suis pas doué dans ce domaine : la guerre ne m'est pas imaginative.

 

  

 

Voilà un lien qui traite du Sabre des Takeda, d'une autre façon que moi et que j'ai bien aimé : http://www.clan-takeda.com/asiemute/articles/398/le-sabre-des-takeda/ .

 

Et là, une rapide histoire avec un grand H :

 

http://fr.wikipedia.org/wiki/Shingen_Takeda.

 

Et là voilà des mots illustrés du vocable de l'auteur, juste pour montrer qu'une lecture entraîne plus loin que l'intrigue propre au roman.

 

Fusuma (architecture): porte coulissante.

 

 

Shintoryû : genre de combat.

 

Keyaki : arbre, une sorte d'orme

 

File:Zelkova serrata Noma keyaki01.jpg

 

 



06/07/2010
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