A la Lueur du Lampadaire !

le voyage de Basho au pays des haiku ou bleached bones in a field

 

 

 

Basho Matsuo est LE poète de Haïku, le symbole du Haïku. Le Maitre du haiku est né en 1644 et décédé en 1694.


L'a-t-il inventé ? Je vérifie... Oui, c'est bien lui dans la composition du poème. Le terme est d'un autre, Shiki Masaoka (1867-1902.)


On pense bien que le Haïku est poétique : il l'est tellement que la tête est elle-même pleine de poésie de façon involontaire. Concrètement, le lecteur cherche à comprendre le haiku ; tente également à le compléter car certains n'ont pas de verbe ou sujet ou complément, grammaticalement parlant ; cette recherche fait ainsi utiliser le champ lexical poétique ou, pour les "je-ne-connais-(presque)-rien-aux-lexiques-littéraires" comme moi, l'ambiance poétique que la lecture du haiku vient de créer ! Et ceci peu importe le vocabulaire : fleur bleue ou cru, chaque mot se change en une averse de poème sous laquelle nous nous demandons si c'est bien nous-même qui avons pensé ainsi ! (Après, peut-être, comme la gueule de bois survient le lendemain, la lecture poétique de la suite du haiku sans le contexte donné par le haiku lui-même vous me suivez hein disparait pour ne laisser que des mots gauches avec leur platitude à en mourir d'ennui... sauf si la lecture poétique a réellement touché la corde du poème qu'on porte tous juste au niveau du diaphragme... ça arrive souvent !


Mais voilà, Basho n'est pas Basho pour rien : on ne l'a pas hissé au rang de Haïku-Sensei (titre de noblesse fictif, juste inventé par moi-même) pour entendre des banalités comme cela ! Non seulement, il écrit des mots qui font vibrer cette fameuse corde, il les respire aussi ! Le texte de Journal of Bleached Bones in a Field ou (en français) Journal des os blanc(chi)s, dans un champ ou (en japonais) Nozarashi Kiko, possède des passages en prose qui expliquent son voyage et qui créent le haiku suivant ; ces phrases elles-mêmes sont baignées dans une délicatesse poétique - malgré la cruauté de certaines... Alors de quoi doit-on juger d'abord ? du texte explicatif ? ou des haikus ? Pour pousser la comparaison avec les livres-albums, les haikus sont-ils des illustrations du texte en prose ? Certains des haikus ont eux-mêmes une telle présence qu'ils se transforment en texte principal et la prose, en à-côté.

De quoi peut-on juger, dans ce texte ? Des haikus ? Mais ce n'est qu'une traduction qui ne suit pas les règles d'origine ! Du texte en prose ? C'est également une traduction qui ne suit pas les règles d'origine ! De l'ensemble ? Oui , idem ! En réalité, de chacun d'eux - séparément - et de l'ensemble - d'un seul trait ! Car, chaque élément peut vivre tout seul et être beau. Car le tout vit ensemble qu'il en est beau ! Seulement, tout ceci est subjectif... je vais poser des exemples juste après.

Le haiku se forme avec 17 syllabes (5 au premier vers, 7 au second et 5 au dernier) et... Plus j'y pense, plus je me souviens qu'un auteur US, Kerouac je crois, a défini que le haïku non-japonais serait de 17 syllabes non japonaises - ce n'est donc que la rythmique du poème à la lecture qui diffère.

 

Un peu de musique ?

Pourquoi c'est beau ?


Removing my straw sandals in one place, setting down my staff in another, I kept spending nights on the road as the year drew to a close.

                                       the year ended,

                                                    still wearing my bamboo hat

                                                                   and straw sandals


ce qui donne (à peu près) en français


Déplaçant mes sandales en paille à un endroit, déposant mon bâton [de marche] à un autre, je passais des nuits sur la route tandis que l'année arrivait à sa fin.

                                          l'année finissait,

                                                        toujours portant mon chapeau en bambou

                                                                                 et mes sandales en paille


Bon, ma traduction est là juste pour comprendre la phrase anglaise ; l'image générée par la narration est aussi poétique que le haiku si délicat.


Et simplement pour comparer visuellement le haiku japonais avec la version occidentale, voici la transcription en japonais du haiku ci-dessus:


                             toshi kurenu

                                       kasa kite waraji

                                                          hakinagara


Cela dit, le journal, de par son titre, est aussi l'expression écrite d'un voyage de Basho-sensei, où il évoque des personnalités, des noms, des lieux et des références culturelles des endroits qu'il visite. Il est bien évident que si le lecteur n'a pas de culture nippone, il ne les connait pas ; à moins de vouloir tout connaitre sur le bout des doigts, à défaut de faire des recherches, le texte s'attache surtout à montrer de la présence humaine dans ce voyage et donc ce n'est pas trop gênant et la lecture est plutôt fluide.

Il est un cas où j'ai pu enfin dire "je sais ça !" quand Basho-sensei évoque un de ces noms célèbres : le pécheur de poissons Urashima (qui est le héros d'une fable fondatrice des légendes japonaises et que ...j'ai lue ! donc je comprends le sens de la référence !) J'ai tenté de suivre la géographie du récit mais c'est plutôt compliqué sans une bonne carte (et le net n'en rengorge pas...) Tant pis pour le relief national, le journal permet de rencontrer des gens et des modes de vie, tels les femmes lavant des pommes de terre ou le poète lui-même qui, décrivant son habillement, ne porte pas le sabre (il a un père samouraï.)


Un joli voyage donc, tout en douceur, malgré quelques scènes crues. Mais Basho est un poète qui a été tant et tant étudié, et l'est encore, par universitaires et professionnels de l'art et quelques amateurs éclairés, que l'opinion ci-dessus ne donne rien de concret, juste, j'aime à vouloir le croire, de donner envie de lire au moins une de ses œuvres - et une seule œuvre de sa main ce n'est jamais qu'un groupe de 17 syllabes... non ?

Cela dit, j'ai pas encore eu de réflexion sur le titre du journal ; ce sera une autre histoire... pour bientot !


Webbographie de Basho :


The Journal of bleached bones in a field (en anglais, university of Albany, New-York State) 


Selected Haikus (en anglais, lecture en ligne, university of Albany, New-York State)  et son billet (en cours) où il y a la bio de Basho, une préface explicative et juste les haikus.

Narrow Road to the Deep North (en anglais, from terebess.hu which pick up from university of Oregon) et son billet (en cours) où il y a un texte qui me semble être poétique...


Webbographie d'écriveurs de haikus en ligne :

 

Haiku


Le jardin de Kanojo

 



16/04/2011
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