« Chers toutes et tous.
Voilà, mon CDD est arrivé à son terme. Je dois laisser la place à l'an 2014.
Je vous quitte après bientôt 365 jours passés en votre compagnie. Merci d’avoir partagé mes nuits et mes jours.
Je tiens à vous dire que vivre ces moments ont été très agréables et ils seront à jamais que des bons souvenirs ! Je les ai congelés dans de l’azote, en conteneurs médicaux, et placés dans un établissement de haute sécurité ! Personne ne peut les atteindre là-bas. L’an 2014 n’a qu’à aller s’en faire par lui-même, saperlipopette !
Les sempai (1) sont certes là pour aider leurs kouhai (1) à appréhender le monde, à l’apprendre et à le disséquer. Or, pas pour leur mâcher le travail : ce n’est pas du « Poire, tombes-moi dans la gorge toute cuite ! (2) »
Donc, dois-je donner des conseils ? Mon expérience ne sied qu’à moi… Je me permets juste de dire ceci : sois toi-même, an 2014 ; comme moi, j’ai été moi ; comme vous, vous avez été vous !
Ah non ? Mais pourquoi ? Racontez-moi donc… »
Et voilà que le discours se finit en discussion ! Entre l’an 2013 qui ne regarde pas au passé – qu’il a dévitalisé – et les auditeurs avides de communication, dans la salle de réception.
(1) Elève d’un an supérieur et inférieur, respectivement, en japonais.
(2) Expression grecque que j’utilise pour l’analogie française « je ne suis pas une bonne poire. »
Qu'est-ce que vous faites quand vous êtes dans une salle d'attente ? Quand vous poirautez ? Aah, vous feuilletez les revues vieilles d'un an qui sont sur la table basse et ça vous apprend des trucs dont vous n'en avez cure...
Alors suivez ceci : l'association J'attends donc je lis prend les choses en main et propose en éditant un feuillet de fiction cinq fois l'an, de faire lire tous les gens dans les files d'attente, les voyageurs dans les gares qui au lieu de consulter leurs montres feraient mieux de plonger leurs nez dans un livre, de même les usagers des bus et métro sauf les étudiants/élèves qui eux feraient de réviser ou de finir leurs devoirs...
(r) illustration pascal soulet
Donc il ne reste plus qu'à écrire un texte court sur les thèmes avancés et les soumettre au groupe de lecteurs qui choisit en fonction.
Qui en est ? Saurez-vous faire lire le monde en standby !
Exercice inédit d’écriture créative 150
Je n'ai pas eu le temps de toucher le sol !
J'attendais pourtant cet instant depuis longtemps.
J’ai quitté le chaud nid des nuages. Le vent jovial m’a amené droit vers la cime prometteuse de ces géants de séquoias.
Quel délice que de sentir le parfum embaumeur de ce bois !
Quelle promesse future que de rejoindre mes frères et sœurs allongés, là, sur le tapis d’épines de pin sèches…
Sauf que j’ai été posé entre les oreilles pointues d’un écureuil, couronnant la tête rousse de moi, si fragile petit flocon de neige.
Le blog de l'association entre2lettres que j'ai découvert y'a p't-êtr' un an propose des ateliers et exercices d'écriture in vivo et in virtuo (?) moyennant pièces sonnantes et trébuchantes pour les plus sérieux d'entre les amateurs-écrivains.
Monsieur Pascal Perrat propose quelques-uns de ses exos dont celui-ci :
Exercice inédit d’écriture créative 160
Depuis tout petit je rêve en couleur, d'ailleurs, je suis un personnage haut en couleur ! Mais cette nuit j'ai rêvé tout gris, comme un escargot. Depuis qu’est-ce le sens de Shiro ou Kuro ? Les noms à couleurs sont devenus des mystères gris chrome. Avant l’extinction colorimétrique, et comme moi.
Si dynamique, tu sais, j'ai sauvé le monde, tout le monde le dit. Je pense moi qu'il exagère car je n'ai fait que mon devoir. Si électrique aussi, je ne tiens pas un instant en place sans rien entreprendre. Même si ça me fournit que des ennuis à régler après, de façon ferme… Tellement colérique itou, je suis enclin à la violence ; quelle autre solution sinon, dis-le moi, sans faire de souffrances inutiles ou des réflexions blessantes ?
La planète entière est peut-être sens dessous dessus mais elle mute ! Elle charge ses couleurs. Elle en fabrique de nouvelles. Même si pour ça elle doit passer par le gris.
Je suis le mouvement ; avec elle. Ça tape d’abord dans l’environnement. Ma moto rouge devient grise, mon blouson aussi. Les cheveux de Kei perdent leur éclat. Ça fane les photos – enfin les rares qu’on a réussies à préserver – plus tard, sûrement parce que elles sont sur des supports chimiques.
Il nous reste que nos rêves, puis nos souvenirs. Et notre force pour les recréer plus tard. Les chercheurs travailleront, c’est sûr, sur des spécimens pour remettre les couleurs d’aplomb.
La planète va s’adapter, l’être humain va l’adopter cette entre-couleur. Il va falloir distinguer chaque nuance de gris par un nom commun nouveau. Redéfinir les mots des couleurs – en les comparant à quoi ? A nos prénoms et patronymes.
Le rouge sera Kaneda. Le brun chocolat sera Kei. J’aime bien. Akira sera pour le… Oh, quel ton associer à cet escargot-là ?
Et toi, dépêche-toi de donner ton nom à la couleur avant que la liste ne soit complète…
(d'après les persos du manga Akira.)
L'association entre deux lettres propose sur son blog donc un atelier d'écriture créative,
Il n'y a pas de logo à fortiori, j'utilise alors celui de l'assos. / du blog :
Allez donc faire un tour !