Change ton [ fusil de chasse ] d'épaule de Yasushi INOUE
Le fusil de chasse de INOUE Yasushi
L'auteur m'est connu car j'ai l'ai lu, un de ses livres, hein, «Le Sabre Des Takeda». Je ne l'ai pas spécialement choisi cette fois-ci. Cependant, j'ai eu l'idée (folle ?) (1) de lire quelques billets ici des autres participants/tes dont Ambroisie du Challenge en commençant par les mêmes auteurs que ceux dans mon listing de lecture. Malheur à moi car je trouvé intéressant un autre livre : celui-ci...
Bon, il est court et une demi-heure dans le métro a suffit pour le finir ! Et ce malgré la foule ensardinée, la lumière blafarde de la rame qui, par chance, avait que quelques cm de décalage de mon épaule gauche, j'ai pris mes aises pour le lire !
Le sentiment général est que j'ai bien aimé l'ensemble du bouquin par la formule suivante : histoire que je n'aurais jamais lue si je l'avais choisie d'après la 4ème de couverture (2) + histoire courte et dense qui laisse du temps à réfléchir sur le sujet par nous-même plutôt que de nous ensevelir sous des tonnes de mots (3) + des effets de rédaction surprenants.
Via le titre, je me suis projeté dans les 6 personnages : le poète, le chasseur, la maitresse, la fille, la femme et... le fusil.
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Pourquoi le poète accepte d'écrire sur un sujet – la chasse - qu'il n'aime pas ? Pourquoi il tient ce discours à contre-courant ? Dans le but de montrer que des monceaux d'avis – de vies ? - différents font un seul et unique monde !
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Pourquoi le chasseur envoie ses lettres sans demander un jugement de la part du poète ? Parce qu'il a gardé trop longtemps le silence et qu'il demande un jugement bien pensé d'un seul individu plutôt que celui hâtif du public.
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Pourquoi la maîtresse a continué si elle se sentait pécheresse ? Pourquoi n'a-t-elle pas cherché rédemption ? Manque de condescendance ou à la recherche du bonheur.
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Pourquoi la fille a-t-elle écrit si elle se sentait incapable de regarder le chasseur en face ? Qu'a-t-elle donc appris avec la lecture du secret puis le fait de le dire ? Accusation et punition.
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Pourquoi la femme fut-elle aussi cruelle incitant jusqu'à la mort ? Pourquoi n'a-t-elle donc pas pris ce chemin menant vers la séparation du couple - le sien ou l'autre ? Égoïsme.
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Pourquoi le fusil ne parle pas ? (Riez pas, vous, si, si, je vous aie vu(e)(s) !)
Si j'étais chaque personnage, j'aurais écrit ce poème (Rilke disait que chaque chose a sa dose de poème en elle et si tu le vois, c'est que tu es poète) ; j'aurais envoyé ces lettres dans l'espoir de donner au monde une leçon de vie ; j'aurais pas commencé, sinon arrêté mon crime (et pas par la mort mais le repenti) ; j'aurais évité de revoir le chasseur ; j'aurais quitté pour une nouvelle vie ; j'aurais su que chaque geste fait en ce bas-monde (et à celui du haut ou ailleurs) reviendra vers soi.
Je sais : il est facile de parler de ses réactions dans des situations hypothétiques ; c'est juste les choses que je suppose le plus capable de faire et j'utilise le conditionnel, là.
Il est vrai qu'au fur et à mesure de ma lecture, j'ai eu une boule dans la gorge, à croire que le petit livre a eu de l'effet sur ma tête. C'est une histoire triste. Une histoire réelle pour dire une morale. Une histoire à dire aux adultes.
Le genre épistolaire rend encore plus palpable la réalité de l'histoire : malgré que ça soit une fiction, je la vois comme biographie d'un inconnu. (3)
Les japonais ont une expression qui va bien ici, par livre interposé : "Un malheur est un premier pas vers un bonheur [d'une même personne.]" En clair, ne laisse pas le malheur (ici, le péché de la maitresse) bouffer ton bonheur (ici, la vie de l'épouse) ou va chercher le bonheur ailleurs (ici, la voie de la fille.) Change, réagis, décide... ne reste pas dans l'immobilité !
Notes / pour faire courte la digression
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Je ne lis jamais les avis : les challenges sont fourbes ! Il faut le livre puis faire un article puis lire les autres articles et enfin des commentaires...
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Je ne suis pas porté vers les romances.
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J'aimerais écrire de ce style épuré, en fiction ou en lettres. Les japonais me semblent l'être dans leur façon de vivre (et non pas en suivant des courant religieux zen ou autres) et jusqu'à la technologie high-tech qu'ils proposent, je l'ai aussi constaté dans les manga qui traitent de sujets délicats mais c'est une autre histoire (que je relaterai... ou pas !)
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Ce qui me fait remarquer que moi non plus je n'écris guère de lettres à mes proches : soit ce sont des CV ou des réclamations commerciales ou de l'administratif, etc... Et pourtant, je pense à eux à chaque situation que je rencontre et qu'elles sont susceptibles d'apprécier ; d'ailleurs, je le dis à haute voix : « Tiens, si Untel était là, il aurait fait ça ! » Peut-être est-ce là le véritable but du livre d'Inoue ? « Écrivez-vous même si vous êtes assis à la même table chaque midi ou rentrez ensemble à la sortie du boulot ! »