Edogawa Ranpo ou le Sherlock Holmes nippon
D'abord j'aime beaucoup la sonorité du nom, tout soft tout doux, comme si on glissait sur une mer d'huile. Et le prénom, Ranpo, est, à mon avis, original, remarquable. Je ne sais pas ce qu'il signifie, j'espère que ça a un beau sens. (*)
Il est l'auteur de courts romans policiers, dont Le Lézard Noir et Mirage datant tout de même de 1929. Ils se lisent en une bouffée d'air, nous plongeant dans l'admiration des énigmes et l'angoisse du fantastique à la fois.
Un célèbre roman pour un policier tokiote, Akeshi Kogorô, qui enquête sur le vol d'une pierre précieuse par une voleuse, appelée le Lézard Noir, très intelligente et pleine de subterfuges. Et très belle avec ça, pour ne pas dire sexy, mais je pense qu'elle en sera plus que flattée, d'après la description que l'auteur laisse à l'imagination. Hum...
Que dire de plus ? Si ce n'est la malignité de la voleuse, sans être diabolique pour autant, même si elle n'a pas de scrupules et est capable de commettre un assassinat. La quatrième de couv' donne trop d'éléments, je trouve, et fait trop d'exagérations - comme moi-aussi, mais d'une autre façon : bref, je n'ai pas aimé cette présentation - ne demandez pas pourquoi. Une chose est sûre: plus le diamant est dur à dérober, plus la voleuse met de l'ingéniosité et de la hargne à la besogne! C'est là le centre d'intérêt du polar. A croire son auteur, elle est envoûtante, on se damnerait pour elle ; j'en suis atteint...
Pourtant son adversaire, le policier Akechi, n'est pas des moindres non plus. L'auteur affirme qu'il est très intelligent et déductif - et ce, jusqu'à que je le compare à Sherlock Holmes - ce n'est pas rien ! Il se fait avoir par la belle, quand même ; il rattrape aussitôt son erreur, également. Il n'est pas très beau physiquement - voire a l'air un peu idiot - mais détient un certain charme - de forte persuation - qu'il use dès que les gens semblent ne plus vraiment faire confiance dans ses méthodes d'investigation.
Bref, une Enquête qui commence sur des chapeaux de roue et finit à tombeau ouvert !
Ce titre-là est moins connu, en France me semble-t-il. Il est aussi moins du genre policier sans l'exclure pour autant et plus fantastique. Il rappelle Le portrait de Dorian Gray en le sens d'un tableau dont le portrait est vivant. Dans le sens où c'est réellement un humain ! Comment est-il parvenu à entrer dans le tableau et pourquoi ? Voilà le coeur du mystère ! Et mettez-vous dans le crâne que c'est une affaire à la japonaise donc pas de problème hitchcokien (comment ça s'orthographie cet adjectif...) ou à la Conan Doyle. Peut -être wildien mais juste dans le fond alors, un petit peu...
En revanche, la lecture de ce texte est plus escarpée : on s'accroche au temps et au rythme de l'intrigue. J'ai eu du mal à avancer, me prenant les pieds dans la rugosité des phrases et le froid du récit. Car c'est ce qu'on appelle un texte angoissant : juste ce qu'il faut pour en sortir écoeuré comme il faut, une pointe de folie qui ne demande qu'à nous envahir... Les effets de styles de l'auteur sont quand même plutôt grossiers, un gamin de collège pourrait en jouer, mais ils sont bien placés et passent quasi-inaperçus.
Enfin, le recueil est composé d'une autre histoire que je n'ai eu le courage de le finir... Pas par manque d'envie mais des circonstances qui empêchent une lecture suivie. Une autre fois, j'espère !
Conclusion
Après une courte recherche sur Edogawa Ranpo, je constate que cet écrivain à l'aspect austère et traditionnel, était un acteur actif dans le monde littéraire : écrivain et critique. Il est dit "maitre incontesté du polar japonais" : ce qui me semble juste car malgré l'introduction d'autres genres (fantastique, horreur) dans ses romans, il garde la veine policier et la chute n'est pas toujours celle qu'on attend - sous-entendu : souvent les méchants criminels gagnent...
(*) Eh bien, le nom n'est pas du tout à ce que je m'attendais ! Il est, en effet, la transposition en sonorité japonaise du nom d'Edgar Allan Poe, écrit tel que Edoga Aran Po, dont il était "fan" ainsi que de Sir Conan Doyle et Maurice Leblanc. Il y a également un sens oral des sons du nom qui semble dire (d'après Wkpdia.) "Promenade sur la rivière d'Edo" - du moment où une enquête policière trépidante a lieu, pourquoi pas...
PS: Son nom a été repris et celui du dectective Akechi dans le manga Détective Conan.
PSS : ces 2 livres étaient destinés au challenge "Sur les pages du Japon" pour novembre et son mois de polar-addict mais la publication du billet s'est fait trop tard donc je les présente pour décembre et son mois libre ! Enfin si Ambroisie et Skelarh sont ok : faut que je demande...