Mésange, petite mésange... sur un air de comptine
Le premier exercice d'aujourd'hui est d'écrire quelque chose : ce n'est pas un énoncé compliqué, n'est-ce pas ? Indiquez l'heure de début et de fin d'écriture.
10h45
Assis dans le salon ce matin, je lisais un court roman de Marquez quand une pluie de cailloux tomba de la véranda d'à côté. Y prêtant attention, elle me parvenait de l'intérieur de la pièce. Puis des battements d'ailes fournis accompagnés de petits cris aigus remplirent tout l'espace : un oiseau venait de tomber dans la cheminée, s'y coinçant.
La cheminée n'avait pas d'âtre : elle finissait en deux trous superposés dans le haut du mur, fermés par un cache en plastique. Ces orifices servaient pour le tuyau du poêle à bois utilisé traditionellement dans la région. Cependant, je pensais pouvoir y installer un vrai âtre de cheminée ; seul hic était l'emplacement peu idéal. Donc, l'idée restait en l'état d'un projet.
Et, en ce moment même, c'en était devenu un piège à moineau ! Je vais donc en grommelant d'une voix claire – je ne sais pas parler à bas volume ! Là, il n'y a plus un bruit dans la cheminée ! L'animal en m'entendant s'était tu de peur – de quoi ?
Peu importe, j'enlevai le cache et regardai dans le tuyau de briques. Pas d'oiseau. Bon, cela ne m'étonne pas beaucoup : l'oiseau avait du – avait pu – remonter tout le tuyau puisqu'il y avait eu force battements d'ailes. Je posai le cache sur le banc tout proche et pensai quérir un seau pour nettoyer toute la pierraille qui s'était accumulé depuis deux ou trois ans. Puis j'envoyai balader cette idée : ma paresse me combla encore une fois !
Bien m'en prit car l'oiseau y était encore logé. Je n'aurais pas voulu recevoir une boule de plume effrayée dans la figure. Il s'agita fortement jusqu'à enfin découvrir la sortie faite par le cache enlevé. Et il s'envola dans la véranda. J'avais supposé un petit oiseau du genre moineau mais c'était une mésange avec son beau cou couleur or et ses ailes noires et blanches, qui s'envola.
Me voyant debout au milieu de la pièce, la mésange s'enfuit jusqu'à la lumière du dehors. Mais ne vit-elle pas la vitre ? Est-ce que les oiseaux comprennaient qu'il y a toujours des vitres aux fenêtres des maisons ? C'est une question que je m'étais toujours posé ?
11h25
12h10
Et la belle mésange voleta d'un carreau à l'autre, en s'y cognant, pas trop brutalement. Etourdie après chaque assault, elle se posait ou sur les boîtes en carton colorés qui faisaient office de mobilier ou sur le rebord en PVC des carreaux – enfin, là où ses fines serres parvenaient à s'accrocher.
Et, moi, je souriai au début – vous savez, à cause de la question des vitres vues ou pas par les oiseaux. Puis je lui parlai, répétant en boucle. Vous savez, pour la rassurer – mais les oiseaux ressentaient-ils ça ?
« Viens par ici, ma fille, je vais t'ouvrir la fenêtre. Ouh, attention, ne vas pas te cogner ! Non, non, il n'y a rien par là-bas. »
La fenêtre à peine ouverte qu'elle s'échappa de cette prison de verre, s'éloigna à tire-d'aile jusqu'au plus proche figuier pour s'y réfugier sous les feuilles. Son vol prit une trajectoire curviligne et tressautante, en trois courtes vagues, depuis la fenêtre jusqu'à l'arbre.
Tout comme elle, par la force de la logique, j'étais content qu'elle fut enfin libre et de retour au bercail, ce berceau d'arbres que je restais à contempler, là sous la fine pluie qui commençait à chanter.
12h31
L'énoncé suivant. Il s'agit d'expliquer votre inspiration alors que vous êtes en face d'une page blanche : pourquoi ce texte, la facilité d'écriture, le temps y a-t-il un rôle, enfin les erreurs (grammaire et conjuguaison) que vous avez commis.
Le sujet a vraiment eu lieu quelque heures plus tôt : c'est donc une biographie ou une tranche de vie. Racontant chronologiquement, il m'est donc facile de l'écrire. Le temps d'écriture est de une heure car ayant pris mon temps pour écrire et n'étant pas une rapide du stylo.
Quant aux erreurs, le texte étant une tranche de vie, la tendance d'écrire au présent est très... présent alors que j'avais choisi le passé simple et l'imparfait.